INVISIBLE BORDERS

Au Maroc, il existe des frontières que l’on ne trace sur aucune carte. Silencieuses elles dessinent des lignes invisibles qui séparent, classent, rappellent à chacun d’où il vient et jusqu’où il peut aller.

Ces frontières, qui jalonnent notre quotidien se nichent dans un accent, un nom de famille, un quartier, une histoire familiale. Elles murmurent : “Weld men nta ? Mnin Nta? Fach khdam ?” (Qui est ton père ? D’où viens-tu ? Tu travailles ou?). Autant de marqueurs qui ouvrent ou ferment les portes, bien avant qu’on y frappe.

Elles se cachent aussi derrière l’argent, l’éducation, les réseaux, le genre. Certains naissent du bon côté de la ligne, d’autres doivent forcer au quotidien ces portes closes.

Cette année, Bayt Al Fenn invite les artistes à arpenter ces frontières invisibles mais bien réelles. À les dessiner, les interroger, les briser. Comment la langue peut-elle être une arme ou un refuge ? Pourquoi un nom, une origine, déterminent-ils si souvent un destin ? Et si, enfin, nous imaginions un pays sans ces imposants murs invisibles ?